Un nom qui ne résonne pas toujours aux oreilles du grand public, et pourtant, Jean Zay est une figure majeure de la République, un homme dont le parcours force le respect autant que son destin révolte. Ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts sous le Front populaire, il a posé les bases d’une école plus moderne et d’une culture plus accessible, avant d’être exécuté par la Milice en 1944. Cibex Pierre Étoile – Résidence Rooftop Antony s’intéresse également à cet héritage culturel. Portrait d’un homme pour le moins fascinant !
Un précurseur qui voulait une éducation pour tous
Ministre à seulement 31 ans, Jean Zay ne perd pas de temps. Quarante-quatre mois au gouvernement, et une avalanche de réformes. Il allonge l’obligation scolaire à 14 ans, crée les classes d’orientation, pousse les enseignements interdisciplinaires et ouvre l’université au plus grand nombre. A une époque où l’école est encore un privilège, il pose les fondations d’un système éducatif plus démocratique. Mais il ne s’arrête pas en si bon chemin… Son passage aux Beaux-Arts est tout aussi marquant. Création du CNRS, lancement du Musée d’Art moderne, et, cerise sur le gâteau, l’idée du Festival de Cannes, qui devait être une réponse à la Mostra de Venise trop complaisante avec les régimes fascistes. Autant dire que son héritage culturel dépasse largement le cadre de l’école.
Un homme de lettres et un défenseur de la lecture publique
Jean Zay n’est pas qu’un homme de loi et de réformes, c’est aussi (et surtout !) un amoureux du savoir et de la culture. Il comprend vite qu’un peuple instruit est un peuple libre. Alors il frappe fort, et élève les bibliothèques au rang de priorité. Dès lors, il les intègre aux Grands Travaux, leur alloue des budgets, et met en place les premiers bibliobus pour diffuser le livre jusque dans les campagnes. En 1937, il fait circuler un premier véhicule dans l’Aisne, avec pas moins de 8 000 ouvrages, un phonographe, une radio et même un projecteur cinématographique. Résultat ? Succès immédiat. L’expérience est vite étendue à d’autres départements.
Dans la continuité de son combat pour la lecture publique, Jean Zay organise des dons de livres français aux bibliothèques universitaires étrangères, convaincu que la culture est aussi une arme diplomatique. Aujourd’hui encore, son nom reste attaché à cet engagement, et de nombreuses médiathèques et bibliothèques portent son nom.
L’épreuve du Massilia : le piège qui va tout changer
La guerre éclate, et Jean Zay n’est pas du genre à fuir. Il s’engage dans l’armée, sans hésitation. Mais en juin 1940, alors que le gouvernement cherche une issue face à l’invasion allemande, il embarque avec Pierre Mendès France et d’autres parlementaires à bord du Massilia, direction l’Afrique du Nord. Objectif : organiser la résistance depuis l’étranger. Mais la suite est une trahison orchestrée par Vichy. Arrêté à Casablanca, renvoyé en métropole, il devient la cible idéale pour un régime qui veut faire payer au Front populaire son engagement anti-fasciste. Son procès est une mascarade : condamné pour une soi-disant désertion, il est enfermé à Riom, où il restera près de quatre ans.
Pendant cette détention, la propagande du régime ne le lâche pas. Philippe Henriot, ministre de l’Information de Vichy, orchestre une campagne de haine antisémite et politique, exhume un poème antimilitariste écrit dans sa jeunesse pour le faire passer pour un traître, et le désigne comme un ennemi à abattre.
L’assassinat par la Milice
Le 20 juin 1944, trois miliciens viennent le chercher à la prison de Riom, sous prétexte d’un transfert à Melun. C’est un piège. Emmené dans une forêt isolée de l’Allier, il est exécuté froidement, criblé de balles, puis jeté dans un ravin, son corps recouvert de pierres et dissimulé à la hâte par des grenades. Son crime ? Avoir été un homme d’idées, un républicain convaincu, un ministre qui voulait moderniser la France.
Il faudra attendre 1946 pour que des chasseurs tombent sur sa dépouille, et encore quelques années pour que justice soit rendue. Son assassin principal, Charles Develle, sera condamné aux travaux forcés à perpétuité… avant d’être libéré deux ans plus tard. Un épilogue aussi révoltant que son exécution.
Un retour au Panthéon, une réhabilitation attendue
L’histoire de Jean Zay est celle d’un homme abattu pour ce qu’il représentait. Un républicain, un progressiste, un bâtisseur d’avenir. Il faudra attendre le 5 juillet 1945 pour que la cour d’appel de Riom réhabilite son honneur, reconnaissant que son procès n’était qu’un coup monté par le régime de Vichy. Mais son véritable retour parmi les grandes figures de l’Histoire se fera en 2015, lorsque ses cendres sont transférées au Panthéon, aux côtés de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion. Un hommage tardif, mais mérité, pour un homme qui incarne la Résistance bien au-delà du maquis.
Un héritage qui traverse le temps
Aujourd’hui encore, l’empreinte de Jean Zay est partout. Son nom résonne dans les lois sur l’éducation, dans les institutions culturelles qu’il a contribué à fonder, et même dans des lieux du quotidien comme les médiathèques et bibliothèques qui portent son nom. Son combat pour une école plus juste, un accès à la culture élargi et une société éclairée reste une référence.
Jean Zay, c’est un nom qui continue d’inspirer les lieux du savoir, et dont l’héritage ne s’arrête pas aux lois et aux réformes. Son combat pour une éducation accessible et une culture partagée a laissé une empreinte bien visible dans le paysage français. Son nom, synonyme de savoir et d’émancipation, a été donné à plusieurs médiathèques et bibliothèques, des lieux qui prolongent aujourd’hui son engagement en faveur de la lecture et de l’accès à la connaissance.
A l’image de la médiathèque-archives Jean Zay, un équipement de plus de 6 000 m² qui s’impose comme un véritable temple du savoir. Située dans un bâtiment moderne et écoresponsable, cette médiathèque est un espace vivant, où se mêlent lecture, culture numérique, ateliers scientifiques et même gaming. Une preuve que l’esprit de Jean Zay, toujours tourné vers l’innovation, continue d’inspirer.
A Clermont-Ferrand, l’Annexe Jean-Zay perpétue elle aussi cette mission d’accessibilité au savoir. Située avenue du Limousin, elle propose aux habitants une offre riche et diversifiée, allant des livres aux magazines en passant par les DVD. Plus modeste, certes, mais tout aussi symbolique : elle incarne ce lien essentiel entre la culture et le grand public, un combat qui fut celui de Jean Zay toute sa vie.
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