Hervé Legros

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Hervé Legros - PDG du groupe Alila
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C’est l’histoire d’une ascension fulgurante, celle d’Hervé Legros, patron d’Alila et auto-proclamé roi du logement social à Lyon. Le jeune promoteur de 39 ans est actuellement dans le viseur de la justice. De quoi est-il accusé ? De harcèlement, mais aussi d’abus de biens sociaux. Qui est Hervé Legros ? Et comment en est-il arrivé là ? Eléments de réponse.

Le roi (déchu) du logement social à Lyon 

Le PDG d’Alila, promoteur immobilier spécialisé dans le logement social, vient d’être placé en garde à vue avec son épouse. Voici donc pour l’info. Mais qui se cache derrière l’affaire Alila ? Qui est Hervé Legros ? L’affubler de personnage « bling bling » ne choque personne à Lyon. Hervé Legros est un autodidacte qui, en l’espace de quelques années, est devenu le roi incontesté du logement social à Lyon. Âgé d’à peine 39 ans, le jeune promoteur a amassé une fortune considérable en un laps de temps record. 

A l’origine, l’homme est diplômé d’un CAP de plomberie. Cela ne l’empêchera pas de se lancer dans l’immobilier. A peine 18 ans, il travaille en tant qu’agent commercial dans le secteur. Le jeune homme est précoce, on ne peut le lui enlever. Tellement précoce qu’il montera sa boîte deux ans plus tard. A 20 ans, il crée en effet une société de promotion immobilière, qu’il baptise HPL Promotions. Après des débuts plus qu’encourageants, il prend le risque de s’en aller explorer un segment du marché que les promoteurs bien établis ont depuis longtemps déserté : le logement social. Le risque sera payant… 

promoteur immobilier spécialisé dans le logement social

Sur le site de France Info, un conseiller métropolitain souhaitant rester anonyme confie à propos du « roi du logement social » : « Il a pris la balle le premier. Quand il a commencé, personne ne le faisait. A la même période, l’Etat a commencé à mettre la pression sur les communes pour les logements avec la loi SRU (qui impose à certaines communes de disposer d’un nombre minimum de logements sociaux). Les bailleurs ont perdu au fil du temps un peu de compétences et de ressources humaines pour mener ce type de projet immobilier. Beaucoup de bailleurs ont alors commencé à acheter des logements à des promoteurs ». 

Cela a naturellement profité à Hervé Legros, qui s’est très vite positionné sur le segment dit social du marché immobilier, aidé en cela par la pression immobilière montante et le peu de moyens dont disposent certains bailleurs sociaux. En 2014, HPL Promotions est rebaptisé Alila. Dans ce même élan de croissance, la société ouvre plusieurs agences sur le territoire national. Deux ans plus tard, Hervé Legros annonce un CA de 272 millions d’euros ! 

La France comme terrain de jeu 

Loin de se contenter du marché lyonnais, c’est toute la France que le jeune loup vise désormais, comme en témoignent les ouvertures en série de plusieurs agences un peu partout dans l’Hexagone, dès 2012. A ce propos, un élu du Grand Lyon explique qu’Hervé Legros « a su défricher très rapidement le secteur. Il ne s’est pas focalisé sur sa région d’origine, mais sur toute la France. » Il faut dire que l’homme avait du talent, c’est indéniable. C’est d’ailleurs ce que pense cet ancien collaborateur : « Avec le talent d’organiser son fonctionnement d’entreprise parce que c’est très compliqué à monter ces projets. Il y a de nombreux prestataires qu’il faut mobiliser et il faut respecter le calendrier pour livrer dans les temps ».

Ce n’était pas pour déplaire aux maires, comme en témoigne Yves Blein, ancien député et actuel maire de Feyzin : « Il avait une approche plutôt intéressante sur l’offre logement, avec ce système du Vefa qui permettait d’aller plus vite pour atteindre certains objectifs. Il avait réalisé deux programmes sur la commune et cela avait été fait dans des délais corrects par rapport à un bailleur ». Hervé Legros ne se contentait pas de livrer dans les délais, il prenait aussi le soin d’ajouter sa petite patte personnelle, notamment en termes de détails de finition, ce qui lui procurait un avantage comparatif évident : « Ce qui fait la caractéristique d’Alila, c’est la volonté d’avoir la meilleure qualité possible à la livraison, avec un soin à l’environnement immédiat comme les plantations. C’est là que réside son avantage comparatif sur cette qualité de livraison et d’attention particulière à la finition des travaux », explique cet ancien salarié du groupe. 

Les yeux plus gros que le ventre 

Le succès, Hervé Legros le vivra à 100 à l’heure. De là à dire qu’il lui est monté à la tête, il n’y a plus qu’un pas que beaucoup n’hésitent pas à franchir. Nous vous le disions, le jeune promoteur n’a pas peur de montrer sa fortune. A Lyon, il l’affichait à qui voulait la voir. Tous les mercredis, le jeune patron « se rendait à Paris à bord de son jet privé », confie une source anonyme au Figaro, avant de poursuivre : « Il a un train de vie complètement indécent et un nombre d’employés de maison à ne pas plus finir ». 

Au-delà de son train de vie « indécent », Hervé Legros attirera définitivement les regards à partir du moment où son entreprise, Alila, devient l’un des sponsors officiels de l’Olympique lyonnais. Hervé Legros pousse le bouchon jusqu’à s’afficher régulièrement avec le président du club, Jean-Michel Aulas. Se pose alors une question qu’il est très difficile de passer outre : comment un promoteur « social » peut-il dépenser de l’argent (indirectement issu de l’argent public) pour sponsoriser l’OL sans que personne ne moufte ? 

C’est justement la question que se pose un élu de la Métropole, interpellé par le caractère « visible » de la fortune d’Hervé Legros : « Quand vous êtes sur un segment de marché assez typé en produisant des logements pour ceux qui ont le moins de moyens et qu’en même temps vous êtes sponsor de manifestations sportives, ça suscite des questions ». Voilà qui est dit. 

Un promoteur « social » qui roule en Ferrari 

Un promoteur « social » qui roule en Ferrari, on n’en croise pas tous les jours, qui plus est à Lyon. Personnage flamboyant, Hervé Legros affiche sa fortune sans complexe. Il assume. On l’aura compris. Mais c’est plutôt étonnant de voir un « ardent » défenseur de l’égalité des chances rouler en Ferrari, un bolide négocié plusieurs centaines de milliers d’euros. Ça n’a pas manqué d’attirer les regards, peut-être même d’attiser quelques suspicions, surtout dans un secteur qui vit principalement des deniers publics. « C’est une grosse part de son financement. Parfois, c’est vrai que l’affichage de son train de vie pouvait créer une distorsion avec la supposée réserve que l’on pourrait attendre de lui au regard de son activité », explique un conseiller métropolitain sur les pages du Figaro.

Et puis il faut savoir qu’Hervé Legros n’est pas uniquement sponsor de l’OL, sa société sponsorise également l’Asvel et le Racing club de France. Le jeune promoteur n’a toutefois pas sa carte à la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), où sa manière de faire agace. « Il ne fait pas de logement libre. Pour moi, ce n’est pas un promoteur au sens noble. Il n’y a aucune prise de risque. Quand il construit, il a déjà le client », dénonce un adhérent à la FPI.

Pour Me Jakubowicz, l’avocat d’Hervé Legros, le jeune promoteur fait les frais de « sa réussite trop voyante ». L’avocat assure par ailleurs que son client n’a aucune charge contre lui à ce stade de l’affaire. « A Lyon, on n’aime pas les têtes qui dépassent », conclut-il. Justement, parlons de cette affaire… 

Les dessous de l’affaire 

Le lundi 16 janvier 2023 n’a pas été une journée comme les autres pour Hervé Legros. Placé en garde à vue avec son épouse, le PDG d’Alila fait l’objet d’une information judiciaire ouverte le 10 octobre dernier par le parquet de Lyon relative à des infractions au droit du travail. L’affaire fait suite à des plaintes de salariés du promoteur immobilier. En parallèle, les autorités ont mené des perquisitions dans les locaux d’Alila, sis au 6e arrondissement de Lyon, mais aussi au domicile d’Hervé Legros dans l’ouest de la ville. Selon les informations relayées par la presse, des inspecteurs du travail se seraient plusieurs fois rendus dans les locaux d’Alila à la cité internationale au cours des derniers mois. 

Avant de rentrer dans le détail, signalons que le jeune promoteur a été libéré le mardi 17 janvier en milieu de matinée. Notez également qu’en plus de son domicile et du siège d’Alila, les agences de l’entreprise disséminées un peu partout en France ont également été perquisitionnées. 

Que reproche-t-on exactement à Hervé Legros ?

Rentrons dans le vif du sujet. L’information judiciaire ouverte à l’encontre d’Hervé Legros porte sur le harcèlement moral et l’abus de biens sociaux. Nous vous le disions, des salariés de la société de promotion immobilière ont porté plainte. L’une d’entre elles témoigne : « La tête qu’il avait en arrivant dans les locaux le matin conditionnait notre journée de travail. S’il n’avait pas le sourire, on savait qu’on allait passer un mauvais moment. Il avait une emprise sur les gens. Quand il humiliait quelqu’un, il répétait continuellement que cette personne était nulle, mauvaise. J’ai vu des personnes trembler en réunion. Il y a eu des scènes où tout le monde pleurait dans un bureau ». Le témoignage est poignant, révélateur de l’ambiance qui régnait au siège d’Alila, où Hervé Legros aurait sévi en véritable dictateur. 

De nombreux autres collaborateurs de la société confirment que le promoteur immobilier pouvait bel et bien se comporter de manière « odieuse ». Une autre ex-collaboratrice confie à ce propos : « On était des étudiants pour lui. Il y avait un manque de respect important envers les salariés avec des insultes ». Même son de cloche chez cet autre ex-salarié : « Il nous traitait comme des moins que rien. C’est un psychorigide ». 

« On a l’impression que le salarié est une sorte de défouloir », confie, pour sa part, maître avocat Geffroy, avocat des plaignants. Une attitude, de l’aveu des ex-salariés de la société, intolérable, qui aurait mené à un turn-over très fort chez Alila. « Je suis restée presque un an et quand je suis parti, 50 % des gens qui étaient là à mon arrivée étaient déjà partis », révèle une ex-salariée, qui explique par ailleurs que de nombreuses nouvelles recrues étaient mises à la porte avant la fin de leur période d’essai. 

Patron d'Alila

« Une opération judiciaire disproportionnée »

L’avocat d’Hervé Legros, Me Jakubowicz, dénonce ce qu’il dit être une opération judiciaire disproportionnée. Même son de cloche du côté du groupe Alila, qui nie en substance les faits reprochés à son PDG. Selon maître Jakubowicz, il n’y aurait rien de concret dans les accusations des plaignants. Il a aussi, habilement, refusé les demandes d’interviews, arguant qu’il refusait de « mettre une pièce dans la machine » eu égard à cette affaire. A la place, Me Jakubowicz s’en est allé s’épancher sur Twitter, interpellant la presse locale en ces termes : « Quand vous annoncez en grande pompe la garde à vue d’un chef d’entreprise vous pourriez aussi promptement informer de la levée de cette garde à vue après 2 heures d’audition ? ».La position de l’avocat des plaignants est, comme on l’attend, aux antipodes de celle de Me Jakubowicz. « Le vecteur commun de tous ces dossiers, c’est ce sentiment d’être dévalorisé dans son travail, de n’être absolument pas considéré en tant que personne », explique maître Thibault Geffroy. Pour l’heure, l’avocat des plaignants qui ont causé l’ouverture de l’information judiciaire s’attend à ce que la justice établisse si les cas présentés devant elles peuvent être considérés comme du harcèlement moral, une notion qui, rappelons-le, est strictement encadrée par la loi en France. Affaire à suivre…

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