Le 17 septembre 2022, la République en marche (LREM) tenait son congrès annuel au Carrousel du Louvre. Deux évènements majeurs ont marqué cette édition 2022. Premièrement, en fusionnant avec Agir et Territoires de Progrès, le parti a changé de nom. Exit LREM, désormais c’est Renaissance ! Secondement, le secrétaire général, Stanislas Guerini, étant devenu ministre de la Transformation et de Fonction publiques, a dû quitter son poste au sein de Renaissance. C’est ainsi qu’un jeune politicien du nom de Stéphane Séjourné devient chef du parti. Voici son portrait !
Une véritable conviction socialiste
Stéphane Séjourné a vu le jour le 26 mars 1985 à Versailles. Rien ne présageait ses engagements politiques comme il n’est pas issu d’une famille politisée. Son père étant ingénieur chez France Télécom, celui-ci emmène sa famille vivre à l’étranger pour des raisons professionnelles.
Ils sont allés d’abord à Madrid en Espagne avant de repartir vers Buenos Aires en Argentine, où sa vie a complètement basculé. En 2001, le pays est touché par une crise économique entraînant ses amis ainsi qu’une grande partie de la classe moyenne dans la pauvreté. Cet incident l’a incité à s’engager au sein du Parti Socialiste qu’il qualifie de la seule organisation avec une structure à l’international.
Par la suite, il revient en France et entreprend des études de droit à la faculté de Poitiers. Il rejoint le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) et de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Il se lie même d’amitié avec Sacha Houlié, Pierre Person, Aurélien Taché et Guillaume Chiche et forment ensemble “la bande de Poitiers”.
En 2006, le groupe de jeunes participe au blocage de l’université de Poitiers et à l’occupation des locaux du MEDEF pendant la lutte contre le contrat première embauche (CPE) de Dominique de Villepin. Cela ne l’a toutefois pas empêché d’être doublement diplômé d’un master en achats publics et de droit européen.
De juillet 2007 à septembre 2009, Stéphane Séjourné travaille comme assistant parlementaire durant laquelle il figure sur la liste du Parti socialiste conduite par Alain Claeys lors des municipales en 2008 à Poitiers.
En 2011, la bande de Poitiers soutient Dominique Strauss-Kahn durant l’élection présidentielle de 2012 avant l’affaire du Sofitel qui a mis fin à sa candidature. Par la suite, Stéphane Séjourné devient conseiller auprès du président socialiste du conseil régional d’île-de-France, Jean-Paul Huchon, de Septembre 2012 à septembre 2014.
Une approche de plus en plus macroniste
En 2014, Stéphane Séjourné postule auprès du nouveau ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique, un certain Emmanuel Macron. Convaincu, ce responsable étatique l’engage dans son cabinet comme conseiller ministériel chargé des relations. Il rejoint par la même occasion le parti En marche.
Le 30 juin 2015, avec ses amis de la bande de Poitiers, il lance un site internet à l’origine des Jeunes avec Macron. Plus tard, il est chargé de la collecte des parrainages pour l’élection présidentielle et des investitures aux législatives aux côtés de Jean-Paul Delevoye. Son ascension dans le monde politique n’est donc plus à démontrer.
Lors de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, il occupe la fonction de conseiller politique à la présidence de la République. Il a cependant quitté cette fonction en décembre 2018 pour préparer les élections européennes 2019. Il est non seulement candidat, mais aussi le directeur de campagne de la liste LREM.
Après les élections du 2 juillet 2019, Stéphane Séjourné est élu député européen. Au sein du parlement européen, il est membre titulaire de la commission des affaires juridiques (JURI). Il siège également en tant que membre suppléant de la commission des affaires économiques et monétaires (ECON).
En novembre 2020, il se dit conseiller officieux du président Emmanuel Macron et travaille à titre bénévole. Après la réélection du Chef de l’État en 2022, Stéphane Séjourné négocie auprès de Patrick Mignola pour le Modem et Gilles Boyer pour Horizons, la création d’une bannière commune aux partis de la majorité présidentielle, Ensemble.
Un engagement pro-européen
En septembre 2019, cet homme politique devient le président de la délégation pour les relations avec les pays du Mercosur. Deux ans plus tard, il se démarque lors de la proposition d’un texte sur la création d’une “haute autorité de la vie publique”. Celui-ci est examiné minutieusement au sein du parlement européen.
En effet, ce texte est chargé des questions d’éthique au sein des instances de l’Union européenne. Stéphane Séjourné plaide pour que l’UE puisse imposer des sanctions directement. Les autres membres, quant à eux, votent en faveur de sanctions par des organes habilités, au sein de la commission des affaires constitutionnelles.
Plus tard, il s’est aussi illustré quand le député europééen polonais Jacek Sarvusz-Wolski a lancé une pétition demandant à Emmanuel Macron d’arrêter la violence des autorités françaises contre les citoyens. Stéphane Séjourné a publié une réponse en défense de la politique de maintien de l’ordre déployée face au mouvement des Gilets jaunes.
En février 2021, dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, il prend position contre l’accord global sur les investissements entre l’Union Européenne et la Chine. Il y manifeste sa volonté de ne pas le voter tant que la Chine n’aura pas ratifié les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) en rapport avec le travail forcé.
Dans la même année, plus précisément en octobre 2021, il succède à Dacian Ciolos à la présidence du groupe Renew. Pour rappel, il s’agit d’une organisation qui se place comme la troisième force politique du Parlement européen. Ce parti compte entre autres 103 membres venant de 24 pays différents.
En janvier 2022, il initie et négocie l’accord de coalition auquel participe le groupe Renew avec ceux du Parti populaire européen, des socialistes et des démocrates. Sa démarche a conduit à l’élection de Roberta Metsola, candidate du Parti populaire européen, à la présidence du Parlement européen.
Un lien indélébile avec le parti Renaissance
Seul candidat pour succéder au nouveau ministre, Stanislas Guerini, lors du congrès annuel de la Renaissance, ex-LREM, Stéphane Séjourné a été élu secrétaire général à 83% des voix. Cela confirme donc sa place incontestable dans l’univers de la politique, non seulement en France, mais également au niveau européen.
Ce jour de 17 septembre 2022, ils étaient 2.000 adeptes à avoir assisté à son élection à la tête du parti. Stéphane Séjourné a prôné « l’unité et le dépassement« . Il était convaincu qu’il fallait créer un parti de libres penseurs. Selon lui, cette approche est nécessaire pour convaincre les Français. De plus, il n’a pas manqué de saluer les formations satellites de droite et de gauche durant son élocution.
Les consignes du Président Macron de l’époque étaient de “réinventer un nouveau parti”. L’objectif étant de bâtir d’une manière ou d’une autre une majorité présidentielle solide et de préparer la succession du Chef de l’État aux élections présidentielles 2027. A titre de rappel, Emmanuel Macron ne pourra plus se représenter à cette date.
Pour ce faire, Stéphane Séjourné s’entoure d’une direction collégiale. Celle-ci comprend les représentants des partis venus s’associer dans Renaissance, Agir et Territoires de Progrès. C’est le cas de Franck Riester et Olivier Dussopt. Bruno Le Maire y est chargé de trouver des idées pour les premiers rôles en 2027, tandis que Gérald Darmanin s’occupe de la formation.
Toujours est-il que le rôle du secrétaire général de Renaissance est un travail de titans. Stéphane Séjourné va devoir assembler et raviver le parti présidentiel terni par l’impopularité de la réforme des retraites. Sa première bataille sera les élections européennes de 2024.
Aux meetings de Varsovie et de Rome, le député européen et homme politique de renom a dévoilé ses ambitions au public. Sa priorité semble être de conclure des alliances en Europe et de créer une force centriste pro-européenne. Son objectif est de rendre le parti plus fort en devenant la deuxième force de l’Union, voire même la première si c’est possible.
Ce que les autres disent de lui
Un article publié chez challenges.fr, le 8 octobre 2022, a relaté l’avis de certaines personnalités sur Stéphane Séjourné. D’après Matteo Renzi, ancien président du Conseil italien, cet homme exceptionnel sera certainement la personnalité politique européenne la plus importante de l’Union en 2024.
Cela se confirme par les dires de François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR. D’après cet élu, le secrétaire général du parti Renaissance a un vrai sens politique. Celui-ci s’apparente toutefois plus à un conseiller qu’à un véritable leader. Cela peut alors devenir problématique chez certains de ses partisans.
Jean-Paul Huchon, ex-président de la région d’Ile-de-France continue son éloge en le qualifiant de franc, de très carré et loin d’être une personne envieuse. Ce dernier lui reproche cependant d’avoir une approche trop macroniste. Un de ses lieutenants a également remarqué qu’il était mal à l’aise durant ses quelques matinales à la radio.
Amélie de Montchalin, secrétaire générale adjointe de Renaissance, pour sa part, salue les efforts de Stéphane Séjourné. Elle a, en effet, confié que ce dernier passait beaucoup de temps au téléphone et à parlementer avec d’autres responsables. Il essayait toujours de comprendre les enjeux ainsi que les véritables motivations de tout le monde.
De son côté, Juan Branco, un avocat, avoue que Gabriel. Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, et Stéphane Séjourné ont utilisé leur relation à des fins politiques. Leur but était d’obtenir de l’État et de partis des moyens qui ne leur auraient autrement pas été attribués. Cette pratique est cependant bien courante dans la sphère politique.
Quoi qu’il en soit, Pascal Canfin, eurodéputé Renew, admire les concrétisations de cet illustre homme politique. D’après lui, c’est grâce à l’initiative du secrétaire général de Renaissance que le parti a pu bouger au sein du parti Renew. Mi-2020, celui-ci avait pris le projet de plan de relance européen à cœur et a réussi à obtenir des changements majeurs.